lundi 3 juin 2013

The Game - Jesus Piece [Chronique]

"Judas Piece" ?

Vous le sentez ce parfum de traîtrise ? Ce sentiment cruel d'une créativité crucifié sur la croix de la facilité. Non je ne crois pas à une quelconque intervention divine pouvant sauver ce qui reste de la carrière de The Game.
Après avoir porté ma croix sur la chronique du Red Album, pas la peine d’espérer une quelconque résurrection sous 7 jours, une Apocalyspe serait le minimum à ce niveau.

Tout commençais si bien pourtant. 2005, sorti de la crèche The Game est LA sensation Hip-Hop du Rap Game. Flow rageur et multi fonction (au point ou il arrive à parfaitement copier le flow de ses collègues), charisme pas trop dégueulasse (avant de se tatouer la gueule comme une gamine de 16 ans). Jayceon Taylor de son vrai nom à le vent en poupe si bien qu'il intègre officiellement le feu bankable G-Unit de sa némesis 50 Cent.

Seulement voila, comme chacun le sait 50 Cent leader du G-Unit, aime particulièrement prendre part à des disstrack contre ses rivaux du moment (Nas et Fat Joe entre autre). The Game en bon stratège en quête de respectabilité sait pertinemment que s'attaquer à Nas le grillerait d'entrée dans le Game. La décision est prise il claquera la porte du G-Unit et d'Aftermath sous les conseils de Jimmy Henchmen (le type qui a failli tué 2Pac en 94).

Ainsi après ce départ tonitruant que les médias nous ont vendus comme si les Beatles se séparaient. The Game prouve qu'il n'a pas besoin de Dre et Fifty pour exister et sort dans la foulée le solide Doctor Advocate (assez vite oublié toutefois). 2008 est l'année du décevant LAX, tandis que 2011 signe le retour rappeur du natif de Compton chez Aftermath avec le faiblard RED Album sans aucune force et cohérence artistique. Dans ce marasme, j'aurai pensé que Game (oubliez le THE à sa demande) aurait fait une petite pause histoire de se remettre du flop de son dernier album. Que nenni. Jesus Piece est dans les cartons et The Game fournit les clous pour s'auto-crucifié une bonne fois pour toute.

Se parant d'une cover bien moche et faussement trash (un Jesus Noir habillé en Bloods); pour alimenter le buzz et crée un semblant de polémique dans l'espoir funeste d'attirer l'attention sur sa musique... THE Game (parce-qu’il a finit par se rendre compte que Google a finit par le zapé) opte au final pour une cover avec une photo de son jeune frère disparu. Un hommage poignant apportant un point positif à l'album (oui j'en suis réduis à ça).

Si RED Album souffrait d'un manque flagrant de cohérence, rendons à Ponce Pilate ce qui est à Ponce Pilate. Jesus Piece est un semi album concept de 12 pistes avec des morceaux "gangsta" avec une tentative d'apporter un élan spirituel aux morceaux. Du coup, dans un exercice ou excelle DMX ou le pasteur Mase; mister Taylor se lance dans un exercice qui ne lui sied guère en dépit de ses efforts. Pourquoi donc la sauce ne prend pas ? Première raison: le namedropping à outrance. Comment voulez vous que votre récit introspectif soit pris au sérieux si vous passez votre temps à cité comme une groupie sans personnalité ? Quand vous pompez le flow de vos invité sans retenue (et avec un certain talent certes). Mais surtout, comment voulez que la sauce prenne quand vous n’êtes même plus apte à assurer un album sans une avalanche de feat sans cohérence avec la thématique de l'album ? Plus que jamais lorsqu'on propose un album concept, il est naturel de s'entourer avec des artistes en osmose avec le sujet (Common fait figure d'unique caution ici) . Que fout un blasphémateur notoire comme Kanye West sur "Jesus Piece" ? Rendez vous compte du bordel; c'est comme si le Minister AMER chantait avec Johnnny Hallyday ... (oh wait).

Lépreux sur le plan musical, l'envie de multiplier les pains dans la gueule est grande quand nous constatons que Cool and Dre sont encore à l'office pour assurer la majeure partie des beats sans saveur et sans relief. Sans surprise, la volonté biblique et introspective de cet album est raté. Néanmoins, chapeau bas aux rares pépites comme "Alleluia" ou "Celebration" en feat avec Wayne et samplant le classique "First of the Month" des Bone Thugs-N-Harmony. Impossible de parler sample sans cité l'excellent "All That" samplant le Lady de D'Angelo; un titre unique faisant office de Saint Graal. Toutefois, il est assez révélateur et triste de constater que le meilleur morceaux s'inspire des sonorités des années 90. Certains y verront un manque d'inspiration et un constat d'echec quand d'autre jugerons que le Rap finit toujours par se mordre volontairement la queue comme le premier Serpent venu.

Sans profondeur et d'une platitude infernal, l'envie de partager le vin pour oublier cet album est grande. Pour le coup, je conseil l'envoi de Jesus Piece au purgatoire histoire de revenir lavé de tout ses péchés.

Amen

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